Le gouvernement des nantis Michel-De Wever a offert un cadeau de Nouvel An empoisonné aux bénéficiaires du RCC (les travailleurs sous le régime du chômage avec complément d'entreprise, anciennement appelé prépension). Ces derniers doivent dorénavant rester activement disponibles pour le marché du travail. Un cadeau empoisonné sans pareil pour les ouvriers qui ont travaillé durant des dizaines d'années dans les conditions les plus difficiles.
De quoi s'agit-il ?
À partir du 1er janvier 2015, tous les chômeurs âgés doivent rester activement disponibles pour le marché du travail. Aucune distinction n'est faite entre les simples chômeurs et les bénéficiaires d'un RCC. Et jusqu'à l'âge de 65 ans en plus. Ils doivent chercher un emploi, suivre des formations et se faire encadrer. Ils doivent également pouvoir démontrer régulièrement les démarches qu'ils ont entreprises afin de trouver un emploi. Cette mesure s'applique également à ceux qui sont encore en préavis ou à ceux qui doivent prester un préavis dans le cadre d'un plan social. Les personnes qui étaient exemptées de disponibilité ont donc vu cette exemption disparaître dès le 1er janvier 2015. La seule exception touche les personnes qui au 1er janvier 2015 étaient déjà au chômage et avaient déjà atteint l'âge de 60 ans. La possibilité d'être exempté pour des raisons familiales et sociales disparaît également, sauf pour les personnes qui disposaient déjà d'une exemption d'un an, mais sans la possibilité de la prolonger.
Combien de temps travaillons-nous finalement ?
La part de travailleurs dans la population en âge de travailler (20-64 ans) est passée de 60,5 % en 1983 à 72,8 % en 2008. Durant cette période d'activité croissante, l'objectif était d'atteindre 76 % à l'horizon 2020. Cela semblait « aisément » réalisable. Personne n'avait toutefois tenu compte d'une crise économique et financière. Entre 2008 et 2013, l'activité a régressé et aujourd'hui, nous nous retrouvons presque au niveau de 2008 (71,4 %).
La croissance du taux d'activité est de loin la plus élevée chez les plus de 50 ans. La catégorie de personnes âgées entre 55 et 59 ans a enregistré le plus grand saut (notamment grâce aux femmes). L'âge auquel le Flamand moyen arrête de travailler est passé de 58,3 ans à 59,6 ans. À ce rythme, le cap symbolique des 60 ans sera passé d'ici 2017. Il y a quinze ans, un quart à peine des plus de 55 ans de notre pays étaient professionnellement actifs, en 2013, ils étaient près de 42,9 %. Tout cela grâce à la politique des précédents gouvernements.
Si l'on nous compare avec le chef de file européen, la Suède, nous obtenons des résultats similaires dans la catégorie d'âge 25-59 ans. Nous n'obtenons de moins bons résultats que pour les moins de 25 ans (le seul groupe pour lequel le taux d'occupation a baissé entre 1983 et 2013) et les plus de 60 ans.
Prenez les plus vulnérables
Ce gouvernement préfère s'attaquer aux plus vulnérables sous la devise de Zuhal Demir (N-VA) de « s'ils ne savent plus payer les factures, ils s'appliquent davantage ». Chez les moins de 25 ans, nous réduisons l'indemnité de reclassement. Et que faisons-nous avec les travailleurs âgés ? Nous décrétons qu'ils doivent rester disponibles pour le marché du travail. Et que personne ne se méprenne : il ne s'agit pas tant des plus de 55 ans mais des plus de 60 ans (70% des prépensionnés restants).
Qui veut engager des plus de 50 ans ?
6 % à peine des nouveaux contrats sont pour des plus de 50 ans, 2 % seulement pour des plus de 55 ans. 54 % des plus de 50 ans restent au chômage plus de deux semaines (dans le groupe des 25 à 49 ans, ce pourcentage est de 18 %). Nulle part en Europe les possibilités de remise au travail des plus de 50 ans ne sont aussi minces qu'en Belgique. Le pourcentage d'engagement des travailleurs âgés n'est pas seulement le plus bas des pays de l'OCDE, la situation n'a cessé de s'aggraver entre 2000 et 2010.
Les plus de 50 ans trouvent plus difficilement du travail pour la bonne et simple raison que les employeurs ne les engagent pas. D'abord parce qu'engager un travailleur de plus de 55 ans coûte plus cher qu'engager un plus de 25 ans. Ensuite parce que dans notre société compétitive, les travailleurs âgés sont clairement moins productifs. Une entreprise où la part de travailleurs âgés augmente de 10 % baisse de 2,2 % en productivité. C'est pourquoi les patrons sont les principaux demandeurs du RCC lors de restructurations.
Ennuyer les travailleurs âgés est plus facile qu'un tax shift.
Un gouvernement qui souhaite sincèrement créer du travail à long terme aurait depuis longtemps déjà pris des mesures drastiques pour un travail décent, et défini ce qu'est un « métier lourd ». Mais ce gouvernement préfère ennuyer les métallos âgés qui sont aujourd'hui au chômage et qui ont travaillé durant 40 ans dans le secteur métallurgique, en leur demandant de rester disponibles pour des emplois qui n'existent pas. Ou pire encore en leur demandant d'être disponibles pour un autre métier lourd dans une entreprise métallurgique. Mais c'est probablement plus facile à organiser qu'un tax shift.
Herwig Jorissen
Président